Je roule en triporteur depuis plusieurs années et mes mollets s’en portent bien 🦵
Mais pourquoi pas en faire un triporteur électrique ?
Triporteur = charette + vélo
Dès son apparition vers 1860, le vélo a permis de transporter des personnes comme loisir mais aussi comme transport pour les ouvriers dès les années 1900. Les marchandises étaient transportées avec des charettes à deux roues. Une charette couplée à un vélo et voilà un triporteur !
Le triporteur est apparu vers 1920, sans doute au pays-bas, pour le transport de marchandises.
Réapparu ces dernières années avec le retour de vélo et du transport léger.
L’arrivée des batteries légères ont permis l’électrification des vélos et bien sûr de ces derniers.
Un triporteur électrique peut être une solution de transport intéressante en ville ou en semi-campagne. Pratique et économique, grâce à son moteur électrique, il permet de se déplacer sans effort, même avec un chargement conséquent.
De plus, l’absence de carburant et les coûts d’entretien réduits de ces vélos peuvent représenter une économie non négligeable à long terme.
Aujourd’hui le triporteur se décline en version cargo pour les marchandises, en version transport de personnes ou même en version polyvalente. Même la coiffeuse à domicile chez moi se déplace en triporteur avec tous son matériel !
Avantages et inconvénients du vélo triporteur
- Plus lourd qu’un vélo, surtout avec le chargement, il demande évidemment plus d’effort physique. Une version électrique est un plus.
- Plus large qu’un vélo classique, il est aussi plus délicat à manoeuvrer. On ne se penche pas dans les virages et dans un virage trop serré on peut vite lever une roue ! De plus, il prends plus de place dans un garage et on ne peut pas le pendre au mur !
- On retrouve le plaisir du vélo pour la balade notamment avec des petits qui ne pédalent pas encore tout seuls.
- Il est possible de transporter les enfants jusqu’à l’école, faire ses courses, transporter du matériel.
Electrifier son triporteur
Un triporteur cargo tout simple coûte dans les 2000€. Une version électrique minimum 3000€.
J’ai acheté ce triporteur d’occasion à 700 euros en très bon état en 2018. Après plusieurs années d’utilisation, je suis toujours aussi satisfait. Je l’utilise même pour la balade dans les chemins en forêt sans problème.
Il faut dire qu’on ne passe pas inaperçu avec un engin pareil et puis … qu’est ce que c’est FUN !!!
Cependant un inconvénient majeur se fait de plus en plus sentir : son poids total en charge.
En effet, le modèle que j’utilise présente 70kg sur la balance et accepte sans problème 100kg dans la caisse. J’ai beau avoir de bons mollets, le transport des enfants devient vite fatiguant.
C’est d’autant plus vrai pour ma conjointe. Cela ne lui donne pas envie de prendre l’utiliser et du coup elle prend la voiture pour les tous petits trajets.
J’ai donc décidé d’y installer une assistance électrique. Cela facilitera sont utilisation, en la rendant accessible et ludique.
Vélo électrique – Le cadre légal
En me renseignant sur les kits d’électrifications, je me suis vite rendu compte qu’il y a quelques points à respecter, notamment pour rester dans le cadre de la loi.
Un vélo à assistance électrique (VAE) répond à des critères précis :
- Il est équipé d’un moteur électrique de moins de 250W
- L’assistance doit se couper à partir de 25km/h
Source : https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F32294
Au delà de ces valeurs, le véhicule entre dans la catégorie des vélo-moteurs, donc ce n’est plus un vélo d’un point de vue de code de la route ou d’assurance.
Il existe des kits de puissances supérieurs (350, 500, ou 1000W!), mais de fait, ils ne sont pas homologués pour circuler sur la voie publique.
Calcul de puissance
250W maximum. La question qui vient naturellement à ce stade : est-ce que cela va suffire pour un triporteur qui transporte jusqu’à 100kg ???
Petits calculs …
L’équation du couple moteur s’écrit :
Cm=Mr*Ar*Rr où (Cm) est le Couple moteur ; (Mr) la Masse roulante ; (Ar) l’Accélération et (Rr) le Rayon de la roue motrice.
La vitesse maxi pour un vélo d’après la réglementation : Vmax = 25km/h soit 7m/s. Pour atteindre 7 m/s en 30s cela fait une accélération Ar = 0,23m/s^2.
La roue motrice fait de 26 pouces (66cm) soir un Rr = 33cm
La Masse roulante est considérée à charge (un conducteur de 80kg, un vélo de 70kg et 50kg de charge) soit Mr = 200kg
Cm=200 * 0,23 * 0,33 = 15,18 N.m
Il faut donc un couple moteur de 15,18N.m pour faire passer mon triporteur de 200kg de 0 à 25km/h en 30s. Un moteur réglementaire pour vélo fait maximum 250 W pour environ 50N.m (sous 36V) soit 3 fois plus que le nécessaire.
Soit théoriquement 25km/h en 10s…je dit théoriquement car je néglige les pertes, frottement et autres.
Finalement, ce petit calcul montre qu’un moteur de 250W est largement suffisant pour une utilisation standard sur route, même en considérant les pertes / frottements / rendement.
Contenu du kit
Le kit choisi provient d’un “grand livreur international sur internet” 🙃 pour environ 500€.
Il contient :
- Une roue arrière avec un moteur intégré dans le moyeux de 250W – 50Nm
- Une batterie de 36V – 13Ah avec régulateur et controleur moteur intégré
- Un capteur de pédalier
- Une paire de commandes de freins avec capteurs (pour couper le moteur lorsqu’on freine)
- Une commande manuelle (pour démarrer le véhicule jusqu’à 6km/h)
- Un afficheur digital, rétro éclairé, donnant notamment les indications de : vitesse, niveau d’assistance et niveau de batterie.
L’afficheur permet de sélectionner 5 niveaux d’assistance, qui se fait donc uniquement lors du pédalage grâce au capteur de pédalier.
Il est aussi possible de limiter la vitesse maximale de l’assistance. Dans mon cas je l’ai réglée au minimum de 16km/h et c’est déjà pas mal avec un véhicule comme ça ! Dans tous les cas, pour rester dans les règles, il doit être bridé à 25km/h.
Installation
Le kit est fait pour être installé très facilement sur un vélo classique. Il suffit de remplacer la roue arrière d’origine par la roue motorisée en y transférant la caissette de pignons, d’installer la batterie sur le cadre, le capteur de pédale et les élément sur le guidon.
Dans mon cas, c’était un peu plus compliqué…
Tout d’abord, la roue arrière d’origine est une roue avec boitier de vitesse et frein intégré dans le moyeux. En installant la roue motorisée, je perds tout ces éléments. J’ai donc dû ajouter un dérailleur classique ainsi qu’un frein à disque supplémentaire avec une poigne de frein fournie (avec capteur).
Les roues avant sont équipées de freins à disques hydrauliques. Une seule poignée contrôle ainsi les deux freins. Le système hydraulique facilite l’équilibrage du freinage. Il existe des capteurs spécifiques pour les commandes de freins de ce type. Dans mon cas, je n’en ai pas ajouté. Il n’y aura donc pas de capteur de freinage sur les roues avant. Cependant, comme j’ai l’habitude de freiner avec les deux commandes en même temps pour répartir la charge, cela ne sera pas vraiment gênant.
Ensuite, je souhaitais installer la batterie dans la caisse. Les câbles fournis sont du coup trop court, notamment la connexion moteur et le capteur de pédalier. Heureusement, on trouve facilement des rallonges avec les connectiques adéquates.
Il ne reste plus qu’a poser la commande des gaz et l’afficheur.
Pensez à bien recharger la batterie avant la première utilisation.
Par la suite, l’objectif est de faire les recharges via la production solaire, notament dans un premier temps avec le banc solaire présenté ici.
Chrono et conclusion
La moficiation est terminée ! Plus qu’à passer aux chronos !!!
La prise en main est facile et je confirme : qu’est-ce c’est FUN ! d’ailleurs, bridé à 16km/h c’est déjà pas mal avec un tel engin qui peut vite devenir casse-g…
⏱️ J’ai fait un simple test avec une masse totale de 175kg, sur route plate, départ arrêté :
0 à 15km/h en 15 secondes ! Bien plus qu’il n’en faut !Côté autonomie, je n’ai pas encore eu l’occasion de vraiment la tester donc à suivre !
Mon triporteur est ainsi reparti pour une nouvelle vie.
Avoir un moyen de transport léger, d’occasion, que l’on peut réparer soi-même, voir modifier au besoin avec quelques outils. Un vélo c’est low-tech. Une vélo électrique c’est toujours plus Low tech qu’une voiture. Si on a plus d’électricité, on le repasse en mécanique soi-même !
Vous l’aurez compris : faites du vélo, réparer et entretenez-le vous même et connaissez-le par coeur ! Ça vous fait faire de l’exercice et vous apprenez à bricoler.
C’est ça aussi l’autonomie !!!
Et vous ?! Comment faites vous pour travailler votre autonomie dans les transports ?
Belle présentation, et calculs intéressants. Je n’ai pas eu l’occasion de conduire de triporteur vélo mais tes idées et ta démonstration d’une adaptation électrique donne envie, j’avoue!. Ça donne des idées 😉
Merci! Un compromis peut être aussi un vélo convertit avec une remorque : sans doute plus léger et plus facile à ranger 😀